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« Chacun des traumatisés que j’ai rencontré est résilient à sa manière, et l’endurance de tous commande le respect. Sachant combien d’énergie ils déploient pour survivre, je ne m’étonne pas du prix qu’ils doivent souvent payer : l’absence de rapport bienveillant avec leur corps, leur esprit et leur âme. »

Bessel van der Kolk

 

Sans être forcément dans le cadre du psycho-traumatisme et/ou de ses séquelles, nous pouvons observer différentes sortes d’efforts déployés par les uns et les autres, efforts qui peuvent être compris comme étant des moyens qu’ils ont développé pour conserver la stabilité de leur psychisme.

Parmi ces moyens, nous pouvons citer l’activisme, la consommation de tabac, d’alcool, d’autres drogues, de nourriture, …

Au cours de mes consultations en Kinésithérapie et en Ostéopathie, je rencontre fréquemment des patientes et patients qui utilisent l’activisme comme moyen de stabilisation, lequel s’exprime en faisant du ménage, des travaux de jardin, leur activité professionnelle, du sport… Concrètement, ils occupent leur attention toute la journée avec différentes tâches pour éviter d’avoir l’esprit disponible et de se retrouver face et avec eux-mêmes, c’est-à-dire face à leurs pensées, leurs sentiments et leurs émotions.

Pour illustrer cela, voici un court extrait d’une de mes consultations de kinésithérapie :

Ce matin-là et tandis que je m’occupais de son épaule douloureuse qui l’empêchait de travailler, elle fondit subitement en larme. Lui demandant ce qui se passait, elle me répondit : « d’habitude, quand mon réveil sonne, je me lève et je démarre ma journée, et je m’arrête le soir quand je me couche. Mais là, avec mon épaule, je ne peux rien faire. » Et du coup, il se passe quoi, demandais-je ? « J’ai des angoisses qui montent ! ».

Ma patiente se trouvait dans un état de stress intense, impuissante et désemparée, parce que son moyen habituel de gestion émotionnel (l’activisme) était indisponible, et qu’elle n’avait manifestement pas encore d’autres solutions disponibles de suite.

S’il est remarquable d’avoir déjà pu développer l’activisme comme stratégie d’adaptation, ce mécanisme de défense psychologique présente également un côté pernicieux : avec le temps et l’usure du corps, ou à la suite d’une opération, ou d’une chute, le corps ne supporte plus la charge de travail qui lui était habituellement imposée, rendant inopérant ce mécanisme de défense. Il en résulte fréquemment un « bug » psychologique, qui pour être résolu, implique une récupération fonctionnelle rapide. Mais puisque la récupération fonctionnelle n’est pas toujours possible ou rapide, la situation force les patients à trouver d’autres solutions pour conserver leur équilibre, même s’ils ne sont pas chauds pour cela ! Selon les cas, un soutient médicamenteux (typiquement des antidépresseurs, des anxiolytiques), un travail de type psycho-thérapeutique en vue de résoudre en partie ou en totalité les problématiques à l’origine de la déstabilisation de la personnalité ou de développer de nouvelles stratégies d’adaptation, ou encore faire évoluer leur contexte : changement de poste de travail, limitation du temps de travail, reconversion professionnelle ou passage en invalidité. De fait, il faut un certain courage pour se confronter à certains souvenirs douloureux ou réaliser une reconversion professionnelle, de l’abnégation pour se résigner à arrêter ses hobbys ou passer en invalidité.

Vous l’aurez deviné, c’est l’un des motifs de consultation que j’ai régulièrement en Hypnothérapie.

Parmi les objectifs que mes consultants cherchent souvent à atteindre au cours de ce travail avec l’hypnose, nous retrouvons la résolution des conflits intra-psychiques et l’apaisement intérieur, pour lesquels nous utilisons souvent le RITMO (Retraitement de l’Information Traumatique par les Mouvements Oculaires). En effet, bien des remous intérieurs sont liés à des souvenirs pénibles et douloureux. Neutraliser leur charge émotionnelle libère et rend disponible une quantité d’énergie non négligeable, énergie qui peut être valorisée pour des objectifs choisis. Cela permet également d’offrir le choix de faire ou ne pas faire, notamment en fonction des envies et des capacités physiques du moment. Par exemple, chez une personne régulant habituellement ses émotions en nettoyant sa maison, et souffrant de lombalgies intenses et invalidantes, l’apaisement ou la neutralisation d’émotions réactionnelles déstabilisantes, douloureuses ou angoissantes lui permettra de pouvoir choisir si elle va faire un peu, moyennement, beaucoup ou pas du tout de ménage, en fonction de ses douleurs, envies et disponibilités du moment, au lieu de se sentir obligée de le faire, poussée par une force intérieure que l’on devine sous le fameux “c’est plus fort que moi“.

En conclusion, comme pour d’autres situations, la perception d’avoir avancé dans la résolution de leur problématique se produit notamment lorsqu’ils réalisent qu’ils peuvent choisir leur comportement et non plus les subir. Même s’il est déontologiquement impossible de garantir ce type de résultat, les nombreux retours positifs nous encouragent à penser que tout espoir n’est pas vain.

 

A bientôt pour un prochain article ; n’hésitez pas à partager vos points de vue, et si cet article vous a plu, pensez à le liker et le partager avec vos contact 🙂 . D’ici là, prenez soin de vous et de vos proches.

Cordialement,

Nathanaël MONFORT

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