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Les observations des chercheurs qui, comme Michael Gazzaniga, s’intéressent à la structure et à la constitution de la personnalité en s’appuyant sur les neurosciences et l’imagerie fonctionnelle (IRMf), convergent dans la direction que celle-ci est composée d’un ensemble de parties offrant l’aspect d’une mosaïque. Chacune de ces parties semble fonctionner avec une certaine autonomie tout en étant en lien et potentiellement en interaction avec les autres parties de la personnalité. Tels les membres d’une famille, ces parties peuvent collaborer entre elles comme s’ignorer. Elles semblent ne pas avoir le même niveau de maturité et dotées de croyances, valeurs, expériences vécues et compréhensions différentes, lesquels conditionnent les comportements qui en découlent.

Chez bon nombre de personnes, il existe une certaine harmonie, un certain équilibre entre toutes ces parties et les forces qu’elles représentent, notamment à travers une forme de dialogue spontané et fructueux qui, en se réalisant entre elles, permet la prise de décisions adaptées.

Dans d’autres cas et pour une multitude de raisons possibles, cet équilibre n’est pas ou plus présent et une partie prends parfois l’ascendant et le pouvoir sur d’autres, impose sa loi et ses comportements. Nous pouvons retrouver ces aspects dans des paroles du type : « Je le sais qu’il ne faut pas que je le fasse, mais c’est plus fort que moi ! ». Parmi les situations fréquentes, nous retrouvons là les grignotages et fringales, la consommation de tabac ou d’alcool.

Il est fréquent d’observer des luttes intérieures entre des parties ayant des perceptions diamétralement opposées. L’issue de ces conflits énergivores et fatigants est rarement satisfaisante : dans certains cas c’est toujours la même qui gagne, dans d’autres cela varie rendant imprévisibles et perturbantes les réactions de la personne pour elle-même comme pour ceux qui l’entourent.

L’un des aspects du travail que je mène parfois à travers l’Hypnothérapie consiste à faciliter et établir la mise en relation et la communication entre les volontés conscientes du consultant d’un côté, et de l’autre côté une (ou plusieurs) partie de la personnalité qui de par son fonctionnement pose problème à la personne. De façon générale, les solutions émergent typiquement en permettant aux parties conflictuelles de dialoguer, d’apprendre à se connaître, à se comprendre et gagner en maturité.

Pour illustrer ces mécanismes, voici quelques situations issues de mes consultations :

Il était venu pour arrêter de fumer un an auparavant ; sa demande du jour ? réguler la hausse d’agressivité qu’il avait observé depuis son arrêt du tabac. Nous entrons en communication avec cette Partie responsable de l’agressivité à travers un mécanisme dit « de transe partielle » ; grâce à un « signaling », c’est-à-dire des mouvements développés par cette Partie pour nous faire comprendre quand elle est d’accord et quand elle ne l’est pas, nous l’aidons à prendre conscience des inconvénients perçus par la Partie consciente, puis nous lui proposons de rechercher un fonctionnement plus adéquat, plus en phase avec ses besoins actuels. Suite à son accord et leur discussion, il constata au fil du temps un certain apaisement et le développement d’une meilleure capacité de relativisation et de distanciation.

A 8 ans et alors que la propreté était au point depuis longtemps, voilà qu’un phénomène surprenant se manifesta : il se remettait régulièrement à faire caca dans son slip sans en avoir conscience ni pendant, ni après. Nous commençons par entrer en relation avec cette Partie de sa personnalité responsable de ce comportement ; après lui avoir fait remarquer l’inconfort que ces situations génèrent, celle-ci accepte d’abandonner ce comportement en échange de temps et d’activités passés avec ses deux parents. Problème : les parents en question se sont séparés quelque temps avant l’apparition des symptômes. Nous prenons le temps d’expliquer cette situation et de la probable impossibilité de réaliser cette négociation dans ces termes, puisque si les parents sont brouillés, il est peu probable qu’ils souhaitent faire l’effort de se réunir ; nous lui faisons remarquer qu’il doit être plus facile et possible de mettre cela en place avec un parent à la fois. La Partie accepte cette proposition. Nous relayons ces informations au parent présent, lequel accepte la demande et propose de s’organiser pour cela. Depuis, ce comportement indésiré a disparu.

Toute sa vie on lui a dit qu’il ne valait rien, qu’il était moins bien que ses frères et sœurs, qu’il ne ferait rien de sa vie, etc. Et ça lui paraissait être normal, évident. Comme on dit, il l’avait introjecté. La discussion avec cette Partie a permis de la faire évoluer dans son mode de compréhensions et de croyances ; en substance :

  • non, il n’est pas typique, normal, habituel et aidant que des parents dénigrent leurs enfants ;
  • oui, il a factuellement réalisé tout un tas de choses dans sa vie (études, diplôme, création d’entreprise, création d’un foyer,…), ce qu’il peut apprendre à reconnaître, intégrer et pour lesquelles il est en droit d’éprouver une certaine fierté pour avoir accompli toutes ces choses en l’absence de soutien familial.

Lui qui se sentait auparavant quelque part « entre vivant et mort » avec un certain désir de mourir, retourna du côté « vivant », retrouva une certaine légèreté, le sourire, retrouva du goût dans ses relations notamment familiales et perdit ce désir de mourir.

Cette approche est une façon parmi d’autres exploitées en hypnothérapie pour faciliter autant que faire ce peut la résolution de conflits intérieurs. Elle permet souvent de comprendre certains mécanismes et mouvements de notre esprit et nous fournit des éléments de réflexion pour répondre de façon plus appropriée à nos besoins intérieurs.

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